Embarquez pour une balade au fil des méandres du Trieux, à la découverte des trésors cachés du fleuve côtier...
Embarquement au port de Pontrieux
10h du matin, au port de Pontrieux. La coque verte et blanche du bateau amarrée à la cale tranche dans la brume matinale. Lui, c’est Le Passeur du Trieux, plus précisément Le Passeur Braz, troisième du nom. Le navire s’élance pour une découverte des méandres du Trieux.
Sur la rive, une cloche sonne
Sur la rive gauche, côté Ploëzal, une cloche sonne. Une riveraine, fidèle à ses habitudes, salue le départ.
Une main sur la barre, micro dans l’autre, le capitaine n’est pas avare de commentaires tandis qu’un écran face aux passagers illustre en images ses propos. À bord, bonne humeur et plaisanterie sont de mise, même si le capitaine évoque les dangers qui menacent le fleuve, comme son envasement lié notamment aux pratiques agricoles avec l’afflux des eaux fluviales et des sédiments.
Sur une bouée, des cormorans portent peu d’attention au bateau et aux passagers, occupés à étendre leurs ailes entre deux plongées. « À la différence d’autres oiseaux de mer, leur plumage n’est pas étanche », informe le capitaine.
« Magique ! »
Le passage à l’écluse donne l’occasion de comprendre le mécanisme, commentaires techniques à l’appui. Au-delà, c’est le petit port de Goas Vilinic, en Quemper-Guézennec, que l’on laisse à tribord et avec lui l’histoire de Fleuriot de Langle, navigateur né ici, qui commanda L’Astrolabe sur l’expédition de La Pérouse.
Le bateau longe ensuite le chemin de halage et son mur de pierres sèches, aigrettes et mouettes rieuses l’accompagnent. Sous le Pont de Frinaudour, à l’embouchure du Leff, affluent du Trieux, le pilote s’engage, un peu, sous les dessous de l’ouvrage conçu par Gustave Eiffel et dont les arches en pierres sont les seuls vestiges d’une forteresse jadis dressée sur ces rives. Plantée dans la vase, la carcasse pourrissante du Jean-Lou Bernard, vieux chalut un temps destiné à devenir restaurant à Pontrieux avant que le projet échoue.
Si la forêt de Lancerf a englouti à jamais la forteresse, celle de la Roche Jagu se dresse sur son piton rocheux. Et tandis qu’à ses pieds le bateau fait des ronds dans l’eau, son capitaine évoque la beauté des saisons en ces lieux. « Le jaune des genêts et ajoncs au printemps, l’été tapissé de bruyères et l’automne, quand le paysage devient magique ! ». « N’hésitez pas à venir visiter les jardins. C’est gratuit ! », répète le marin à la cantonade.
Balbuzard pêcheur
Michel et Catherine, jumelles en main, férus d’ornithologie, sont aux anges. Un balbuzard pêcheur nous survole. « Un oiseau rare ! ». Et le capitaine de fustiger les pratiques qui mettent en péril cette faune sauvage, comme le ski nautique. Sur le fleuve, zone de navigation classée en zone Natura 2000, la vitesse est limitée à 5 nœuds.
Zigzagant entre les bancs de sable, « le Trieux n’a jamais été hydrographié », dixit le professionnel, on frôle Pleudaniel et les ombres du château de Boloï, fantôme d’un passé belliqueux avec les Anglais. À bâbord, une petite anse sauvage, frontière naturelle entre Le Trégor « et les autres » comme disent les Trégorrois parlant du Goëlo. « Pas la même culture », sourit le pilote.
Il suffit de passer le pont
Après le passé sombre du Manoir de Traou-Nez lié à l’affaire Seznec, c’est la grande baie du Lédano qui nous sourit, enjambée par la silhouette élégante du Pont de Lézard’. C’est là, au port, où habitait Brassens, son «p’tit coin de Paradis», que la balade, sur une de ses chansons, se termine, comme elle a commencé, en beauté...
Texte : David Kerhervé - Publihebdos